Derrière des millions de streams et un succès apparent, une supercherie orchestrée par intelligence artificielle révèle les failles d’une industrie musicale en pleine mutation.
Ils ont le groove des années 70, des riffs accrocheurs et une aura vintage bien calibrée. The Velvet Sundown a tout du groupe culte oublié, miraculeusement redécouvert. En quelques semaines, ce mystérieux nom s’est imposé dans les playlists rock, engrangeant plus d’un million d’écoutes sur Spotify. Mais ce groupe… n’existe pas.
Derrière ces mélodies efficaces et ces visuels léchés se cache une création 100 % artificielle, conçue de bout en bout par une intelligence artificielle générative. Les visages ? Synthétiques. Les voix ? Modélisées. Les guitares ? Simulées. Après avoir laissé planer le doute, les concepteurs du projet ont fini par avouer la supercherie.
« Ça sonne à la fois rétro et inédit », confie un auditeur pris au piège lors d’un micro-trottoir. Rien d’étonnant : The Velvet Sundown a été habilement glissé dans des playlists aux côtés de légendes comme Led Zeppelin, The Doors ou The Who. Résultat : des écoutes massives, favorisées par l’algorithme de recommandation. « C’est une question de contexte. Entre deux classiques du rock, une IA bien imitée passe crème », analyse Philippe Manœuvre.
Pour l’industrie musicale, l’affaire Velvet Sundown sonne comme un signal d’alarme. Car il n’a jamais été aussi simple de générer une chanson à l’aide d’un outil d’IA accessible. Une situation qui interroge sur l’authenticité des contenus et leur impact économique.
Spotify affirme ne tirer aucun profit des morceaux issus de l’intelligence artificielle. Mais d’autres plateformes, comme Deezer, adoptent une posture plus prudente : l’entreprise a récemment lancé un détecteur de morceaux IA pour alerter les utilisateurs.
The Velvet Sundown n’est sans doute que le début d’une longue série. À l’heure où les IA peuvent copier des styles musicaux, créer des voix et inventer des groupes de toutes pièces, l’équilibre artistique et économique de la musique est mis à l’épreuve.
Le rock est peut-être éternel. Mais ses nouveaux avatars pourraient bien être faits de code et de données.
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