Accueil Photos Mort en détention d’Alino Faso à Abidjan : un suicide sous haute tension politique
Photos

Mort en détention d’Alino Faso à Abidjan : un suicide sous haute tension politique

Le célèbre activiste burkinabè Alino Faso a été retrouvé pendu dans sa cellule à l’école de gendarmerie d’Abidjan. Son décès soulève de nombreuses interrogations dans un climat de tensions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Le corps sans vie d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le nom d’Alino Faso, a été retrouvé le jeudi 24 juillet au matin dans sa cellule de l’école de gendarmerie d’Abidjan. C’est ce qu’a confirmé le procureur de la République dans un communiqué publié ce dimanche 27 juillet. Selon les premières conclusions de l’enquête, il s’agirait d’un suicide par pendaison.

Le médecin légiste mandaté dans cette affaire indique qu’Alino Faso aurait d’abord tenté de se trancher les veines, avant de se pendre à l’aide d’un drap. Les autorités judiciaires ont ouvert une enquête pour déterminer les causes précises de ce geste désespéré.

Âgé de 44 ans, Alino Faso vivait en Côte d’Ivoire où il tenait un petit restaurant, mais c’est surtout sur les réseaux sociaux qu’il s’était fait connaître. Avec plus de 400 000 abonnés sur Facebook, il se présentait comme un militant engagé pour la cause sociale, souvent impliqué dans des collectes de fonds pour des personnes malades ou vulnérables.

Mais ces derniers mois, son discours avait pris une tournure plus politique. Soutien affirmé de la junte militaire au pouvoir à Ouagadougou, il avait multiplié les publications virulentes contre certains dirigeants de la région, notamment ceux considérés comme proches de Paris. Des prises de position qui n’étaient pas passées inaperçues à Abidjan.

Alino Faso avait été arrêté en janvier dernier par les autorités ivoiriennes. À l’époque, son interpellation avait été brièvement confirmée par le gouvernement, sans plus de détails. Le communiqué du procureur publié ce dimanche précise désormais les chefs d’inculpation : « intelligence avec des agents d’un État étranger », « complot contre l’autorité de l’État » et « diffusion de fausses informations susceptibles de démoraliser la population ».

Autant d’accusations graves, dans un contexte de tensions diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Alino Faso était notamment suspecté de liens avec les « Bataillons d’intervention rapide de la communication », un groupe de cybermilitants pro-junte burkinabè, accusés de mener une guerre de propagande en ligne contre certains pays voisins.

Si les autorités parlent d’un suicide, le décès d’Alino Faso en détention suscite déjà de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et dans certains cercles militants. Plusieurs voix appellent à une enquête indépendante, estimant que les circonstances exactes de sa mort doivent être éclaircies.

Dans un contexte régional marqué par une polarisation croissante, ce drame relance le débat sur les droits des détenus politiques, la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et les tensions croissantes entre régimes démocratiques et militaires en Afrique de l’Ouest.

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même catégorie

Bénin : L’ADAC alerte sur des tentatives d’arnaques visant les artistes officiels

L’Agence de Développement des Arts et de la Culture (ADAC) lance un...

Commerce transatlantique : Washington et Bruxelles scellent un accord sous pression

À Turnberry, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont annoncé un...

Mali : l’ex-Premier ministre Choguel Maïga au cœur d’une nouvelle tempête judiciaire

L’ancien Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, est de nouveau dans le...

Présidentielle 2025 au Cameroun : l’exclusion de Maurice Kamto relance les soupçons de manœuvres politiques

La scène politique camerounaise est secouée par une vive controverse après la...