Sortie au début des années 2000, la chanson Kolomental du chanteur nigérian Faze continue de résonner comme un avertissement déguisé, un miroir tendu à une génération en perte de repères. Derrière ses rythmes dansants et ses paroles festives, l’artiste peignait déjà un malaise profond dans la jeunesse africaine, notamment face à la montée de la consommation de psychotropes et à la banalisation de comportements autodestructeurs.
Une folie dansante mais révélatrice
Le terme « Kolomental » est une contraction de « kolo » (argot nigérian pour « devenir fou ») et « mental », évoquant un état de confusion mentale ou de déséquilibre psychologique. Dans les refrains répétés à l’envi “Everybody make we start to mental” Faze incite apparemment à « se lâcher », à « devenir fou », à « danser sans réfléchir ». Mais au-delà de l’ambiance festive, le titre soulève une interrogation sur l’état d’esprit de la jeunesse urbaine, en quête d’évasion dans un contexte socio-économique difficile.
Un cri déguisé sous forme de fête
La chanson se présente comme une invitation à la décompression totale : “Dance nonsense, make e no make sense, na the concept oh”. Mais ce « non-sens dansant » devient une métaphore d’une jeunesse désorientée, parfois poussée vers les extrêmes : excès, drogues, violence, ou simple perte d’identité. Faze, en reprenant les codes de la musique urbaine et des soirées festives, camoufle une critique sociale dans une ambiance euphorique.
Un phénomène toujours d’actualité
Vingt ans après, le message implicite de Kolomental semble plus pertinent que jamais. La consommation de drogues, les troubles mentaux non traités, l’hyperfestivité comme échappatoire, sont aujourd’hui des réalités dans plusieurs capitales africaines, du Nigeria au Bénin. Ce qui apparaissait à l’époque comme une simple chanson d’ambiance s’impose désormais comme une œuvre presque prophétique.
Un appel à la réflexion collective
Alors que les jeunes continuent de crier « kolomental » dans les clubs, les rues ou sur les réseaux sociaux, il devient urgent de replacer la chanson dans son contexte initial. Plus qu’un tube, Kolomental est un signal d’alerte. Une invitation à repenser le bien-être mental de la jeunesse africaine et à créer un environnement où elle n’aura plus besoin de « danser sans sens » pour exister.
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