Une révolution dans l’industrie musicale africaine : Africa Music & Charts (AMC) vient d’être lancé à Abidjan, marquant la création du tout premier système de certifications musicales pour l’Afrique francophone.
Pari tenu pour l’Afrique francophone. Longtemps absente des circuits de certification musicale, elle se dote enfin de son propre outil d’évaluation de la performance commerciale des œuvres musicales. Baptisé Africa Music & Charts (AMC), ce système inédit a été présenté à Abidjan avec une première salve de résultats : 95 certifications attribuées.
Parmi les grands gagnants de cette première édition, une figure s’impose sans conteste : Fally Ipupa. Le roi de la rumba congolaise rafle 39 certifications à lui seul, « consolidant, selon AMC, son statut d’icône et de modèle d’exportabilité musicale africaine ».
Mais la plus haute distinction revient à l’Ivoirien Tam Sir, dont le tube Coup du marteau a été sacré triple diamant. Devenu l’hymne non officiel des Éléphants lors de la CAN 2024, remportée à domicile, le morceau a marqué les esprits bien au-delà des terrains.
Dans la même dynamique, l’hymne officiel de la compétition, Akwaba, co-signé par Magic System, Yemi Alade et Mohamed Ramadan, a décroché une certification or. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, du lien étroit entre musique et football sur le continent.
L’AMC a également profité de cette première édition pour honorer la mémoire de DJ Arafat, figure emblématique du coupé-décalé, disparu en 2019. Son album Renaissance a reçu une triple certification platine, tandis que six certifications ont été décernées à titre posthume. Une reconnaissance remise symboliquement à sa fille, Rafna Houon.
Fait notable : les certifications 2025 couvrent non seulement les sorties musicales de l’année en cours, mais aussi les œuvres antérieures qui auraient atteint un seuil de performance « certifiable » sur cette période.
« Ce système était nécessaire, car il existait un vrai problème de transparence dans l’industrie musicale d’Afrique francophone », explique Julie Mourchidi, productrice et membre du conseil professionnel d’AMC. Jusqu’ici, aucun organisme ne fédérait les territoires pour une lecture claire des chiffres. AMC entend offrir aux artistes une meilleure visibilité et une place légitime dans l’écosystème musical mondial.
Reste une limite de taille : l’impossibilité pour AMC de vérifier l’authenticité des streamings, et donc de trancher les polémiques sur les audiences artificiellement gonflées. « Ce n’est pas notre rôle », précise Julie Mourchidi. « Nous analysons les données qui nous sont fournies, sans pouvoir retracer la provenance des écoutes. »
C’est justement pour pallier ces angles morts qu’un autre projet émerge : G-Music Analytics, porté par A’Salfo de Magic System. Objectif : collecter automatiquement les données musicales issues des lieux publics (boîtes de nuit, bars, maquis) via des bornes de reconnaissance vocale.
Ce dispositif vise à fournir des données fiables aux États et aux sociétés de gestion collective, facilitant une répartition plus équitable des droits d’auteur. Après plusieurs phases pilotes, dont la plus récente s’est achevée au Bénin, un déploiement est prévu d’ici la fin de l’année en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin et en Guinée.
Avec l’AMC et G-Music, l’Afrique francophone franchit une étape importante vers la structuration de son industrie musicale. Une avancée qui permettra non seulement de reconnaître le succès des artistes à leur juste valeur, mais aussi de poser les bases d’une économie musicale plus équitable et transparente.
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