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Centrafrique : vers un nouveau mandat pour Touadéra, entre continuité et contestation

À cinq mois des élections générales, la scène politique centrafricaine est en pleine ébullition. Le président Faustin-Archange Touadéra a été officiellement investi, samedi 26 juillet 2025, candidat à sa propre succession par son parti, le Mouvement Cœurs Unis. Une décision rendue possible par l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution adoptée en août 2023, qui ouvre la voie à un nouveau cycle institutionnel.

Dans les rues de Bangui, cette annonce suscite des réactions contrastées. Certains y voient une tentative à peine voilée de s’accrocher au pouvoir, d’autres au contraire défendent l’idée d’une continuité nécessaire à la stabilité et à la reconstruction du pays. Le débat s’intensifie alors que l’échéance électorale se rapproche.

« Il avait promis de ne pas faire un troisième mandat », s’étonne un élu local. « Il s’était présenté comme le président de la transition après les crises. Aujourd’hui, il revient dans la course alors que personne ne s’y attendait vraiment. »

Le principal argument des partisans de Touadéra repose sur la nouvelle République instaurée par la Constitution de 2023. Pour eux, ce nouveau cadre légal remet les compteurs à zéro. Antoine, habitant de Bangui, défend cette lecture :

« Ce n’est pas un troisième mandat. La République a changé. Nous sommes dans la septième République, et ce sera son premier mandat dans ce nouveau régime. »

Mais pour une frange de l’opinion publique et de la classe politique, ce raisonnement ne tient pas. Ils estiment que les principes démocratiques exigent plus de clarté et de respect des engagements passés. À leurs yeux, le changement de Constitution a été taillé sur mesure pour permettre au président sortant de se maintenir au pouvoir.

À mesure que la campagne s’annonce, certains Centrafricains redoutent une montée des tensions. Dans un pays encore marqué par des années de conflits politico-militaires, la tenue d’un scrutin dans un climat serein demeure un enjeu majeur.

« Nous voulons des élections libres, transparentes et surtout pacifiques », insiste Gauthier, un jeune militant associatif. « Il est temps de sortir des logiques de confrontation. »

Le président Touadéra, dans son discours à la nation de décembre dernier, avait affirmé son ouverture au dialogue avec l’opposition, à condition que le format et le contenu des échanges soient encadrés. Une posture interprétée par ses adversaires comme une manière de contrôler, voire de neutraliser, toute initiative véritablement inclusive.

La Centrafrique entre dans une phase critique de son histoire politique. L’élection présidentielle de décembre prochain pourrait, selon les observateurs, consolider les acquis institutionnels récents ou, au contraire, rouvrir des fractures encore vives. Le pari du président Touadéra sur un nouveau mandat dans une « nouvelle République » suffira-t-il à convaincre les Centrafricains de lui renouveler leur confiance ? Réponse dans les urnes, dans quelques mois.

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