La scène politique camerounaise est secouée par une vive controverse après la disqualification de Maurice Kamto à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025. L’annonce du rejet de sa candidature, faite le samedi 26 juillet par le Conseil électoral (Élécam), alimente des soupçons de manipulation et de règlements de comptes politiques à quelques mois d’un scrutin à forts enjeux.
Élécam justifie sa décision par un motif inédit : un second homme, Dieudonné Yebga, se serait également présenté au nom du même parti, le Manidem. Une situation jugée « irrégulière » par l’institution, qui affirme ne pas pouvoir valider deux candidatures issues de la même formation.
Mais pour de nombreux observateurs, cette justification sonne comme un prétexte. En effet, Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition et rival déclaré du président sortant Paul Biya – candidat à un huitième mandat – était considéré comme l’un des adversaires les plus sérieux de ce scrutin.
L’affaire a pris une nouvelle tournure avec la diffusion massive, sur les réseaux sociaux, d’enregistrements audio attribués à Dieudonné Yebga. Dans ces extraits non authentifiés, un homme présenté comme le second « candidat du Manidem » affirme avoir volontairement déposé sa candidature en représailles contre le choix de Kamto, qu’il accuse d’avoir été désigné sans concertation transparente.
Il évoque également un désaccord de fond avec le président du Manidem, Anicet Ekane, qu’il accuse de manipulations internes. Plus grave encore, le même enregistrement fait allusion à des interférences informatiques sur le site du ministère de l’Administration territoriale, impliquant une possible falsification des données des partis politiques.
Bien que ces éléments n’aient, pour l’heure, pas été vérifiés par des sources indépendantes, leur viralité suffit à faire naître un climat de suspicion dans l’opinion publique. Certains y voient la main invisible d’un pouvoir cherchant à affaiblir l’opposition en exploitant des divisions internes et des failles administratives.
Plusieurs voix s’élèvent déjà pour réclamer des clarifications de la part des institutions impliquées, notamment Élécam et le ministère de l’Administration territoriale. Mais pour l’instant, ni Maurice Kamto, ni le Manidem, ni les autorités officielles n’ont commenté l’affaire.
À deux mois de la présidentielle, cette affaire s’ajoute à une série de tensions politiques déjà latentes. Elle pourrait accentuer la défiance d’une partie de la population envers le processus électoral, dans un pays où la transparence du scrutin a régulièrement été mise en cause par les organisations nationales et internationales.
Dans ce contexte, l’opposition pourrait durcir le ton dans les jours à venir, notamment si les explications officielles tardent à venir. En attendant, l’opinion publique retient son souffle, et les regards sont tournés vers Maurice Kamto, dont la réaction pourrait rebattre les cartes d’une élection sous haute tension.
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